Auteur emblĂŠmatique de la Beat Generation, William Burroughs a marquĂŠ de son empreinte sulfureuse la littĂŠrature amĂŠricaine des annĂŠes soixante. Le manuscrit du Festin nu est un tel fatras de notes ĂŠparpillĂŠes qu'aucun ĂŠditeur n'accepte de le publier, d'autant que le contenu est d'une obscĂŠnitĂŠ rare et qu'il heurte à peu près tous les principes de biensĂŠance. Ce n'est qu'avec l'aide de Jack Kerouac et d'Allen Ginsberg que Burroughs parviendra à en tirer une matière prĂŠsentable... c'est-à-dire correctement tapĂŠe à la machine, car pour ce qui est de la clartĂŠ du propos, comme le rĂŠpĂŠtait Burroughs pour expliquer sa dĂŠmarche, "les mots savent où ils doivent être mieux que vous. Ils n'aiment pas être gardĂŠs en cage". L'ouvrage relève donc à bien des ĂŠgards du surrĂŠalisme, tout en relatant les errances et autres visions d'un esprit sous l'emprise de maintes substances hallucinogènes. Tenter d'en faire la synthèse serait une entreprise vouĂŠe à l'ĂŠchec. On entre dans Le Festin nu comme on pĂŠnètre en un laboratoire, sans a priori quant à la finalitĂŠ de l'expĂŠrience qui s'y dĂŠroule. Burroughs s'y adonne à un dĂŠrèglement systĂŠmatique des sens, dĂŠbouchant sur une nouvelle sĂŠmantique