?Le 8 septembre 1914, Jean reçut sa feuille de route. Il la baisa, la caressa, la respira. Il pleura aussi, mais de joie en lisant et relisant sa convocation. Car il était attendu, deux jours plus tard, a la caserne de Libourne ou il partit avec cette ferveur que mettent les pelerins a rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, cette naiveté des enfants qui rentrent chez eux apres des vacances en colonie. Le garçon que je rencontrai pour la premiere fois était heureux et si plein d'idéal qu'on l'eut dit inconscient du danger. Il ressemblait plus a un chevalier des croisades qu'a un soldat et attribuait a la protection de Dieu son invincibilité. Pourtant, il n'avait plus que deux mois a vivre. C'est quoi, deux mois? Huit semaines, soixante jours, une broutille, un coup de vent, le temps d'un soupir, une éternité.? Apres le révolutionnaire Hérault de Séchelles (C'était tous les jours tempete) et le capitaine Étienne Beudant (L'Écuyer mirobolant), Jérôme Garcin poursuit, avec le poete Jean de La Ville de Mirmont, tué au combat en 1914, a l'âge de vingt-huit ans, son roman historique des vies exemplaires et brisées.