L'atmosphere est morbide : les fleurs sont piÊtinÊes a peine offertes, Treplev tue une mouette pour la dÊposer aux pieds de Nina... Mais l'oisivetÊ des personnages ne saurait etre la seule cause de ce malaise.C'est l'ÊtÊ, et comme tous les ÊtÊs, on se retrouve dans la propriÊtÊ de Sorine. Seul personnage vÊritablement sympathique, il n'Êchappe pourtant pas a la regle : les acteurs de ce drame de l'indÊcision et de l'inachevement sont des personnages stÊrÊotypÊs, s'exprimant au moyen de clichÊs galvaudÊs et vide de sens. Piece sans hÊros vÊritable, sans action spectaculaire, La Mouette est un chef-d'oeuvre de l'implicite, et l'on est tentÊ d'accorder une portÊe symbolique au moindre dÊtail. Or, si la mouette peut bien sur etre comprise comme un symbole de libertÊ, elle peut aussi etre apprÊciÊe pour sa valeur dramatique, maillon de tout un rÊseau d'Êchos que TchÊkov met en place pour figurer l'enfermement, qui culmine dans le rÊtrÊcissement du lieu de l'action. Le thÊâtre en plein air meme ne saurait constituer une ouverture, illusion factice qui tombe en lambeaux sur les bords d'un lac stagnant ajoutant encore a l'Êtouffement par son simple pouvoir de rÊflexion.